FICHE CIVILE
Nom : Frei
Prénom : Victor Andreus, mais appelez-le Victor.
Age : 34 ans
Catégorie : Gentleman Lucifer
Métier : Sénateur du Congrès des Etats-Unis d’Amérique et, officieusement, gouverneur du Cénacle.
Origines : ~ « Né » en Allemagne, il a cependant décidé d’acquérir la nationalité américaine.
~ Sa mère était indienne.
Famille : ~ Son père, Martin Frei, ancien ministre allemand dont la réputation de « Grand Homme » n’est plus à faire
~ Sa mère, Helena Frei, qui avait pour principal métier de veiller sur la gloire et la fortune de son mari. Il lui arrivait parfois, entre deux rendez-vous, d’envoyer une dizaine de chèques aux quatre coins du globe afin d’offrir des études prestigieuses à ses enfants.
~ Judith Vivacia, sa sœur cadette, mariée à Oldor Vivacia depuis quatre ans. Elle exerce le métier de juge d’instruction, au grand dam de son frère.
A noter que Victor ne garde que très peu contact avec « sa famille ». Le plus souvent, un courrier pour discuter de l’héritage suffit amplement.
Signes Particuliers : ~ Son élégance.
~ Parle couramment l’Anglais, l’Allemand et le Français. A certaines notions de Japonais.
~ Virtuose, Victor Andreus joue du piano à merveille. Il ne se passe pas une journée sans que ses doigts parcourent le clavier, avides de nouvelles sensations, de mélodies tragiques et douces.
Caractère : « La richesse a fait de Victor un homme intelligent, au parcours scolaire renommé. L’intérêt sincère qu’il porte à la politique le démarqua, le fit connaître. Sa célébrité lui valu de côtoyer des hauts dirigeants. Des grands de ce monde, il aura fait la découverte de leur resplendissante épouse. Et avec elles, il aura essayé nombreuses suites d’hôtel. »Lettre à Victor Frei, le salop. - Auteur anonyme.
Oui, Victor est un sacré veinard. Et à l’inverse du chat, il ne se mort pas la queue. Au contraire, ce beau Lucifer de trente-quatre ans ne cesse de changer de statut, de gagner en popularité, d’évoluer dans ce monde qu’il juge lent et trop de fois pathétique.
Ses idées révolutionnaires, par exemple, le firent entrer au Congrès des Etats-Unis d’Amérique à la fin même de ses études de Droit. Sa prestance, son intelligence et sa foi en un monde meilleur ne cessent d’émerveiller les utopiques, et les problèmes actuels –tout comme les problèmes de demain, si le gouvernement ne réagit pas- qu’il énonce avec un certain cynisme font sourire les vieux politiciens. Ce gars-là ira loin, pensent-ils tous, mais son excentricité et sa trop grande assurance le perdront.
Victor, quant à lui, s’amuse follement de ces reproches ; il n’a que faire des dires de personnes qu’il juge inutiles. Sûr de lui, il croit détenir la vérité à toute chose ; et s’il n’est pas encore président, ce n’est, selon lui, qu’une affaire d’âge. Ou peut-être est-ce, et cela plus sûrement, dût à son désir d’influencer tout en restant de retrait.
Outre ses fortes ambitions et son incorrigible mépris, Victor vise toujours à impressionner la galerie. Que ce soit lors d’un conseil, d’une soirée ou d’une simple interview, Frei sait parfaitement se mettre en avant et enrôler dans sa « Tribu de Moutons », comme il aime tant les désigner, un bon nombre de personnages influents qui, il le sait, un jour ou l’autre, pourraient lui être utiles. Cela tient davantage à la manipulation qu’à l’éternel nombrilisme de certaines célébrités ou riches héritiers. Victor est comme ça, vil calculateur au sourire éblouissant.
D’ailleurs, ce ne serait en aucun cas embellir sa réputation si l’on affirmait que le compte approximatif de ses conquêtes se tenait aujourd’hui à cent trente-deux femmes. Frei est un homme volage, qui aime goûter à de nouvelles expériences. Le plus souvent, ce n’est que l’affaire d’une nuit puisque Victor ne sait aimer d’une autre façon qu’en caressant la poitrine d’une femme, en entendant leurs souffles courts suivit de cris qui lui procurent sensations euphoriques et sentiments de supériorité, de puissance. N’allez pas croire, cependant, que Victor n’est qu’un fourbe et libertin. Il est, avant tout, un gentleman séduisant, à la galanterie inestimable. Parfois, quand une demoiselle l’attire fortement, il lui fait la cour et dépense des sommes exorbitantes, use de tous les moyens pour obtenir son cœur. Et il ne s’avoue vaincu que lorsque ladite perle rare a tout bonnement cessé de titiller sa curiosité.
Son temps record en matière de relation ? Un mois, et encore, en faisant des infidélités.
Pour finir, nous aborderons sa solitude et ses causes. Car, il faut savoir, Victor Andreus n’est en aucun cas frivole des soirées mondaines, bien qu’il assiste à nombreuses d’entre-elles. Peu bavard, il ne dit jamais un mot de trop, une expression qui pourrait nuire à sa carrière ; les temps sont durs. Il se contente d’observer, de réfléchir et de s’ennuyer. Le Lucifer a parfois l’impression d’être bien plus seul en étant entouré que centré sur lui-même, dans le salon de son luxueux appartement ou derrière son bureau de plexiglas.
A vrai dire, il passe la majeure partie de son temps à discuter avec sa propre personne, en maintenant l’ordre de ses esprits. Victor s’efforce de contrôler ses envies sanguinaires et constitue, à la place d’agir de manière impulsive, ses plans d’attaque minutieux, ses futures victimes, qu’il énonce et explique ensuite sous forme de schémas aux rares collègues meurtriers qui connaissent la face cachée du Sénateur.
« La vie ? La mort ? Une simple affaire de business. »
Physique : « Bellâtre, Ô pauvre salop ! Combien de temps ais-je regretté ton visage, ta voix douce et sensuelle, combien de temps ais-je épuisé à attendre la caresse de tes mains, ton regard de braise, tes lèvres chaudes goûtant aux miennes ?
Je suis déçue, tu m’as déçue.
Mais, qu’est-ce un abandon de plus ? Homme sans scrupule, tu ne connaîtras jamais, JAMAIS la joie des cœurs, la tendresse de l’amour. Non. NON ! Tu n’assouviras, au long de ta misérable existence, que les désirs du corps, tes sombres désirs, en volant ce que nous devrions t’interdire, nous autres femmes.
Ah ! Tu te moques bien des sentiments ! Tu es… inhumain.
Et le plus parfait des amants. »Lettre à Victor Frei, le (très) bel enfoiré. – Auteur anonyme.
Victor possède un charme fou, irréaliste, presque attractif. Et il le sait.
Fin observateur, Frei remarqua bien vite que le physique primait souvent sur le reste, dans le monde des humains. Pour peu que vous soyez mignon et intriguant, les filles vous courent après, ne parlent plus que de vous ; pour peu que vous soyez bien sapé, on vous fait confiance. Et cela est très aisé lorsque l’on possède le charisme de Victor.
Explication : Grand sans être grand, mince sans être mince, musclé sans être musclé, sa carrure plaît, d’une façon ou d’une autre. Ses mensurations, tellement minutieuses et idéales, produisent un drôle d’effet sur les personnes l’observant. Comme si le corps d’Andreus se dessinait pour répondre aux attentes de qui pose un regard sur lui. Lui-même ne s’explique pas ce phénomène. Sans doute est-ce dût à ses dons de Lucifer, vile défenseur des pêchers. Jalousie des messieurs, luxure, gourmandise et colère de ces femmes désirables. Petite touche de paresse, suivit d’un grand orgueil pour Victor.
Le regarder semble suffire comme prétexte : direction l’Enfer.
Mais qu’est-ce que ce diable a-t-il donc d’attirant ? Une classe indéniable, une prestance comme on n’en trouve plus et une poigne forte, rigidement professionnelle. Les hommes d’affaire sont impressionnés.
Concernant ces dames, il y a plus de critères. Le visage, tout d’abord. Qu’aperçoivent-elles ? Une bouche fine et douce, un menton parfaitement rasé, des dents blanches, bien alignées, contrastant avec cette peau marronnée, hâlée par les origines indiennes. Des yeux que l’on n’oublie pas. D’un marron chaud, se mêlant parfois à quelques teintes vertes glaciales, les yeux de Victor transpercent l’âme. Il est à la fois difficile de scruter son regard et tellement dur d’en décrocher. Une attirance pour le danger…
Les cheveux, ensuite. Si un homme ne fait pas toujours l’unanimité en arborant une crinière longue et soigneusement peignée, Frei, lui, est épargné de toute remarque négative.
Souvent détachée, sa chevelure retombe gracieusement sur ses épaules et à hauteur du commencement de son dos. Attachée, en queue de cheval, elle semble s’arrêter au même endroit. Comme s’il était impossible de la défaire de sa longueur.
Maintenant, qu’en est-il de l’apparence générale ?
Si le corps de Victor « se moule » en fonction de son interlocuteur, ses habits, eux, ne changent pas à chaque regard. Inutile, sans doute, de vous citer les marques de ses costumes, de ses chaussures, et la petite fortune qu’ils représentent. Sobres, coupés sur mesure, ils renforcent son élégance, autant en soirée qu’au travail. Le week-end, Victor arbore des tenues plus décontractées, sauf exception, qui sont, autant vous l’avouez, très courantes.
Et pour cause, ce sont ces jours-ci que se déroulent les réunions du Cénacle.
Histoire : « Mon maître m’avait tout confié de son passé. Il ne l’avait fait pour personne d’autre.
Peut-être prenait-il le risque de m’en parler, à moi, puisqu’il savait que, quoi qu’il arrive, je ne pourrais jamais rien répéter. Ce devait être pour cela qu’il me gardait à son côté : je l’écoutais sans le juger.
Mon Maître était un grand solitaire, il n’invitait jamais personne à l’appartement. Lorsqu’il rentrait, il me saluait, je le saluais, et il se dirigeait vers son piano. Il jouait pendant des heures, ne s’arrêtant parfois que pour sortir travailler. Sa rage et sa mélancolie se traduisaient en mélodies. Cela était notre routine.
Au cours de ces six années en sa compagnie, depuis qu’il m’avait trouvé, j’avais appris qu’il ne ressentait, à aucun moment, des sentiments tel que la joie, l’épanouissement dans un quelconque domaine. Lorsqu’il semblait vivant –je n’ose pas dire « heureux » puisqu’il lui était impossible de l’être- ce n’était jamais dans l’appartement ; jamais lorsqu’il était
presque seul. Dehors, au milieu de tous ces passants, lorsque nous nous promenions, il faisait semblant. Semblant d’être humain.
Parce qu’il ne l’était pas. Oui, j’en étais persuadé. Mon maître dégageait une telle aura, une telle noirceur comparée à celle du plus mauvais des individus, que je doutais de son humanité. Son cœur était, je le supposais, sombre, dur, comme une pierre givrée, brûlante de haine. Et même s’il ne me faisait rien, à moi, son confident, s’il n’avait jamais essayé de me battre, il était capable de tuer sans remords. Il le faisait régulièrement.
Je devinais ses intentions, chaque fois qu’il se rendait, le week-end, à ce qu’il appelait
le Cénacle. Le vendredi soir, mon Maître était alors plus soucieux que le reste de la semaine, plongé dans des pensées obscures qu’il n’évoquait jamais à voix haute. « Je reviens plus tard » me disait-il distraitement, sans me jeter ne serait-ce qu’un regard. Je me couchais, donc, et l’attendais, patient.
Souvent, je me demandais pourquoi mon Maître était comme il était –quelle force surnaturelle l’avait créée. Il m’avait raconté les détails de son enfance : cet amour que ses parents lui avaient refusé, cet amour dont il se fichait éperdument puisqu’il n’était pas leur fils, juste une âme tombée dans un corps d’humain. Sa sœur n’était, pour lui, qu’un fardeau qu’il avait dû supporter pendant quinze longues années, et il était, selon lui, sans famille.
« Je suis envoyé pour accomplir l’apocalypse » m’avait-il confié lors d’un de ses nombreux monologues. Sa voix avait été mélancolique, comme s’il était déçu, mais malheureusement contredite par un drôle de sourire. Je ne savais pas ce qu’était l’apocalypse, je ne le sais toujours pas d’ailleurs. Pourtant, j’en fais des cauchemars.
L’intelligence était sans doute sa plus belle qualité –peut-être la seule. Il avait découvert les secrets de l’existence, la morale des hommes et avait réussi à survivre dans un monde qui n’était pas le sien. Ses doigts parcouraient les touches du piano tandis qu’il m’expliquait ses découvertes, qu’il parlait, parlait, parlait, racontait ce que personne n’aurait soupçonné. Il n’évoquait jamais les meurtres, cependant, comme si la honte ou le secret professionnel pesait sur lui.
Il savait, pourtant, que je ne pourrais rien répéter –que je ne dirais rien. Peut-être voulait-il me protéger des horreurs, peut-être avait-il un peu d’amour, caché en lui. Peut-être pas.
J’étais son confident, certes. Mais je n’en restais pas moins un chien. »